En relisant le très indispensable La démocratie des crédules , je suis retombé sur ce que GB appelle l'effet Fort, du nom d'un doux dingue du nom de Charles Fort (Albany 1874 - New York City 1932) qui avait inventé ce merveilleux système argumentatif de présenter à l'appui d'une thèse un ensemble d'arguments dont aucun ne vaut rien (ou pas grand' chose) mais dont la multitude laisse les contradicteurs pantois. Pour reprendre le mot de GB, il s'agit d'un millefeuille argumentatif. L'idée (manipulatrice) et de laisser une impression de "tout cela ne peut pas être faux", idée reprise par Fort lui-même et par quantité de ses disciples, comme Bergier et Pauwels avec leur Matin des magiciens paru en 1960, ouvrage qui avait profondément irrité les rationalistes à l'époque (dont moi-même, je le dis modestement).
Il va de soi que toutes les thèses conspirationnistes s'inspirent de cette stratégie : ainsi pour 9/11, il faudrait pouvoir démolir les thèses conspirationnistes argument par argument, ce qui demande beaucoup de temps et de compétences. J'ai essayé de convaincre un mien neveu par alliance : chaque fois qu'il me sortait un argument, j'allais chercher une explication sur le Net, mais alors il m'en sortait un autre, et ceci ad nauseam... J'ai renoncé ; après tout pourquoi perdre mon temps, je ne le convaincrai pas et puis, que m'importe qu'il croie ce qu'il croit ?
J'avais un peu oublié ce chapitre et j'ai pris plaisir à le retrouver.