En relisant (*) le beau livre de Pascal Bruckner : Le fanatisme de l'Apocalypse, que j'ai déjà cité ici, je tombe sur ces deux citations :
"Luther : les bêtes venimeuses, les carnassiers sont la conséquence de nos péchés. Une fois le jugement dernier prononcé, elles deviendront jolies, aimables et caressantes, des petits chiens gambaderont dont la peau sera d'or et les poils des pierres précieuses (Luther, Propos de table cité in Jean Delumeau, Histoire de la peur en Occident, Pluriel, 1978)"
et
"Dans le communisme, l'h(sic)omme deviendra incomparablement plus fort, plus sage, plus subtil. Son corps deviendra plus harmonieux, ses mouvements mieux rythmés, sa voix plus mélodieuse. Les formes de son existence acquerront une qualité puissamment dramatique. L'h(re-sic) moyen atteindra la taille d'un Aristote, d'un Goethe, d'un Marx. Et au-dessus de ces hauteurs s'élèveront de nouveaux sommets(Léon Trotzky, Littérature et Révolution, 1924)".
Fort bien. Je ne doute pas que Luther y croyait, et d'ailleurs toute la "littérature" des Témoins de Jehova dépeint le même tableau. Par contre, qu'il me soit permis d'en douter pour ce qui est de Léon le Terrible, un homme d'une intelligence exceptionnelle - d'une intelligence exceptionnelle, certes mais qui n'aurait sans doute en rien cédé à l'ignoble bourreau qu'était Staline s'il avait eu la main : demandez aux marins de Cronstadt... - celui qui avait dit de Souvarine "On jette un homme à la mer et on passe à l'ordre du jour". J'avais écrit erronément dans un post précédent que cette apostrophe terrible s'adressait à Malraux, mais en fait, Trotzky avait eu une phrase encore plus dure envers lui (Garine étant dans Les Conquérants un avatar de Malraux, évidemment, ou plus exactement du Malraux qu'il aurait voulu lui-même incarner, pur révolutionnaire droit dans ses bottes, par opposition à un simple bureaucrate comme Borodine ou à un terroriste un peu fou comme Hong) : "Après avoir lu l'article de M. Malraux, je dois apporter une correction à mon précédent article: j'avais écrit que l'inoculation du marxisme à Garine lui serait utile. Je ne le pense plus".
(*) Même si je ne veux pas le moins du monde me comparer à Léautaud avec lequel j'ai partagé l'amour des chats mais pas la haine des humains, j'ai aimé sa joie à lire relativement peu (enfin, peu, c'est beaucoup dire...) mais à relire de nombreuses fois les mêmes livres sans pouvoir en épuiser le sens. Il en va de même pour le cinéma dont je suis assez glouton. D'autre part, je suis désolé de ne savoir comment orthographier Trotski, Trotzky, Trotsky...
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