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13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 23:05

Très belle interview de Jack Lang (que j'ai parfois un peu brocardé, je le reconnais...) sur le sujet (c'est malheureusement "paywalled" - ou heureusement, c'est selon l'idée qu'on s'en fait) . Je l'avais dit, je ne suis pas juriste et je connais mal le droit français, mais il est évident quand on s'y intéresse que le Conseil d'Etat ne peut connaître que du droit administratif et n'a aucune possibilité d'aller au-delà. Des conceptions comme la "cohésion sociale" (quoi que cela veuille dire) lui échappent. Et devraient lui échapper.

Mais je voudrais parler d'autre chose, d'une émission de la RTBF de ce dernier dimanche où on opposait quelques personnalités politiques et/ou médiatiques sur ce même sujet. Il y avait les inévitables Philippe Moureaux, la Ministre de l'Intérieur (chère Milquet), ce bon vieux libertaire Jean Bricmont et quelques autres dont je ne me souviens plus du nom (je pourrais faire une recherche, mais c'est sans grande importance).

Ce qui est d'une grande importance, par contre, ce sont les réactions aux propos de Bricmont et de l'avocat de Dieudonné :

Bricmont explique : Pourquoi Dieudonné ne fait pas comme cerrtains autres, Michel Leeb qui se fout des Africains "C'est pas mes lunettes, c'est mes na-ines (avec l'accent, bien sûr)" etc. Hurlements de Moureaux et d'un petit politicien que je ne connais pas (mais élu par je ne sais qui). On peut donc se moquer de tous, sauf des Juifs, oui, pourquoi pas ? Les nègres, les Roms, les Papous, et tant d'autres !

L'avocat de Dieudonné essaye de parler, mais il se fait injurier, insulter par le brave néo-stalinien qu'est Philippe Moureaux. Certains n'ont pas le droit d'avoir un avocat, et je suppose que ce Moureaux aurait aimé de faire interdire les interventions de Vergès (que, par ailleurs, je n'aime pas du tout) - mais c'est ainsi, M. Moureaux !

Puis Bricmont essaye de dire que malgré le premier amendement prônant les la liberté d'expression dont les pires racistes ont usé et abusé, les USA ont élu deux fois de suite un Président d'origine africaine. Mais une fois encore, le Moureaux couvre sa voix et se moque de lui sans vouloir (?) comprendre le point de vue de son adversaire (qui n'est certainement pas un grand sectateur du système USA, c'est le moins qu'on en puisse dire !).

Notre chère Ministre de l'Intérieur se félicite de l'article 10 qui permet de réprimer légalement certains "excès" de la libre expression tout en passant sous silence l'article 11, et en oubliant de rappeler que Strasbourg avait, dans l'affaire Giniewski (CEDH, requête 64016/00) rappelé que l'article 10 ne permettait pas aux Etats signataires d'avoir une marge d'appréciation illimitée. Un point de moins pour les censeurs;

Puis il y eut l'intervention d'un autre, celui qui doutait, et je me permets de l'interpréter :

- Oui, certes, mais bien qu'il ne fasse pas grand doute que cet individu soit nocif et révoltant, a-t-on le droit de former une censure préalable, et si c'est le cas, pour quoi, et pour combien de temps ? Son prochain spectacle ? Pour trois mois, six mois, dix ans, à jamais ? Voilà qui est dangereux...

 

I rest my case, vous en pensez ce que vous en voudrez, mais en ce qui me concerne, je reste fidèle au premier amendement !

 

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11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 15:26

Ainsi donc, le Conseil (à la botte) de l'Etat a tranché, et très rapidement : il devait avoir préparé l'affaire depuis pas mal de temps. Comme le dit pudiquement et hypocritement Le Monde, le Conseil d'Etat encadre la liberté d'expression, quitte à écrire dans un édito suivant que le cas Dieudonné doit rester un cas unique.

Un cas unique, tu parles ! Ce n'est ni plus ni moins que de la censure préalable, explicitement condamnée par l'article 11 de la Déclaration de 1789 et donc contraire à la Constitution française(*). Le texte du Conseil d'Etat est à se rouler par terre ou à se scandaliser vertement : appliquer un déni de loi par des considérations de personne est évidemment indigne ; je n'ai pas encore lu de réactions de spécialistes de la question, mais je serais étonné qu'on en reste là - et de toutes façons, il y a encore Strasbourg qui, je l'espère, condamnera l'Etat français.

 

Et pas loin de là, il y en a un qui rigole bien dans sa barbe. Je me demande s'il n'est pas stipendié par Netanyahou, l'homme qui excelle à faire passer tous les antisionistes pour des antisémites...

 

(*) c'est du moins mon opinion, je n'ai aucune qualité spéciale pour en délibérer. Mais tout citoyen est censé connaître (et comprendre !) la loi.

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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 21:45

C'est la saga de l'hiver en France, Dieudonné le mal-nommé (pour autant que dieu soit chouette - laissez-moi en douter) qui crache son venin avec sa sale gueule qui doit en puer (je suis sûr qu'il pue de la gueule, je n'ai pas vérifié, je n'ai nulle envie de l'approcher).

Qui fait le succès de ce bonhomme ? Des, paraît-il, "anti-système", des antisémites et de jeunes maghrébins qui ne comprennent pas que ce pote à Le Pen leur serre un peu plus la corde autour du cou. Bien sûr, ils sont écoeurés par les sales traitements que font endurer aux Palestiniens le sale gouvernement de Netanyahou, mais comme chacun le sait (et spécialement notre cher Philippe Geluck dans son dernier opus, Peut-on rire de tout ?), les jeunes sont cons, et pas spécialement les maghrébins. Tous. Mais ne leur dites surtout pas s'ils sont plus musclés que vous....

(J'en profite pour recommander spécialement le livre graphique de Guy Delisle, Chroniques de Jerusalem, peut-être son meilleur. Mais ils sont tous très beaux. Fin du commentaire).

Enfin parut Valls, le pire ennemi de la Gauche de la Gauche et le grand favori du peuple français. Devait-il se défausser de son image droitière ? Peut-être. Mais voilà qu'il a évoqué la formule exécutoire : "En conséquence, la République Française mande et ordonne à tous Huissiers de Justice sur ce requis de mettre ladite décision à exécution, aux Procureurs Généraux et au Procureurs de la République près les Tribunaux de Grande Instance d'y tenir la main à tous Commandants et Officiers de la Force Publique de prêter main-forte lorsqu'ils en seront légalement requis", la décision étant de demander à tous les Maires et Préfets d'interdire les spectacles du sinistre gugusse. Et ledit SG de ricaner en annonçant qu'il fera casser ces décisions ainsi que cela a déjà été le cas une quinzaine de fois auparavant, semble-t-il. J'espère que ce sera encore le cas, la liberté d'expression me paraissant absolument inviolable. Si je dis (et je le pense) que Dieudonné est un rat (non, pas un rat, ce sont des bêtes que j'aime bien, disons une punaise), je ne veux pas qu'on puisse me le reprocher pénalement. Ce qui ne serait pas le cas si je déclarais publiquement que Monsieur Dupont-Durand (par exemple) était un pédophile notoire : Monsieur Dupont-Durand aurait alors le droit de me traîner devant les tribunaux pour exiger réparation. Réparation civile et non pénale. L'exception d'ordre public invoquée (et cassée dans les cas précédents) ne tient évidemment pas : il suffirait alors à tout un chacun de promettre des troubles et des manifestations à l'annonce d'un quelconque spectacle (conférence, concert, film...) pour le faire interdire. Même si les mots sont immondes, même s'ils sont ne injure à la dignité humaine, ce ne sont que des mots.

Je sais bien qu'il y a une ligne floue là-dedans ; que dire d'une incitation à la haine, ou, pire, à l'action ("Allez, sortez et massacrez tous ces - au choix - bougnoules, parpaillots, youpins, calotins, etc.") ? Là, on est dans la casuistique et il appartiendrait à un tribunal d'apprécier. Etait-ce dit de manière ironique ? Etait-ce vraiment une injonction ? Une injonction suivie d'effet ?

Mais ça me ferait vraiment rigoler si la punaise en question m'attaquait en justice pour injures publiques...

PS : la LDH fait justement remarquer que "persécuter" la punaise serait lui donner un statut d'"opprimé". C'est vrai, mais la LDH n'est pas spécialement en faveur de la liberté de parole (sans parler de ces bouffons que sont le MRAP ou le MRAX).

 

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