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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 00:42

J'aime bien Scorsese, il a un souffle épique indéniable, un sens du cinéma très fort, parfois à la limite du grandiloquent, mais qu'importe ? Et son aspect "catho de gauche" n'est généralement pas gênant. Son Gangs of New York, "grand film malade" comme aurait dit Truffaut, est une oeuvre importante, même en ne considérant qu'un plan-séquence sidérant où les cercueils s'entassent tandis que partent les nouveaux immigrés destinés à la guerre... Digne d'Eisenstein, je persiste et signe.

Mais ici, c'est un peu court (enfin, un peu trop long). Cinématographiquement parlant, c'est évidemment parfait, chef op' super, éclairages chiadés, cadrages sans défaut, caméra bien en place et découpage excellent. De la bell ouvrage. L'histoire, par contre... Le sujet était passionnant, mais la réalisation est manquée : la chute est téléphonée, après une demi-heure on devine. Bien sûr, le McGuffin est le phare, il n'est pas le seul, il y a aussi une quantité un peu extravagante d'indices sur Dachau et son massacre improbable, sur la petite fille qui demande pourquoi on ne l'a pas sauvée, etc. Migraine, pilules, hallucinations et enfin la rencontre dans la caverne après les rats grouillants. Merci, on a compris. Et les psychiatres sont d'un tel outré qu'on ne peut pas s'interroger sur leur réalité, même si von Sydow est - comme toujours - un acteur qui tue.

Le gros problème, ici encore, est d'avoir fait marcher la caméra subjective comme objective, mais le procédé n'est pas convaincant. Il trouve vite ses limites et se résume à faire se demander au spectateur ce qu'il a vu, et où il l'a vu. Un peu comme dans le film de Bellocchio, Vincere, où plusieurs séquences (comme celle du mariage religieux) sont frappées d'un tel questionnement (sauf que chez Bellocchio, il s'agit d'une réelle ambiguïté, assumée et faisant l'objet de discussions passionnées lors du repas après le spectacle. Je le sais, je sors quasiment d'en prendre). Ou alors, prendre le parti que tout le film (à l'exception du dernier quart d'heure) est en caméra subjective, ce que faisait sans doute le roman - c'est plus facile à l'écriture. La présence constante de Daniels - quasiment à chaque plan - peut le laisser penser. Mais Scorsese n'est pas Lynch, spécialiste du genre, et qui n'hésite pas à filmer à hauteur d'yeux. Seulement, les incohérences - voire les invraisemblances - abondent (*) et peut-être faut-il envisager l'option radicale que tout, absolument tout le film, y compris son dernier quart d'heure sont nés du cerveau embrumé de Teddy Daniels... ce qui expliquerait qu'un infirmier puisse (peu) discrètement arborer des instruments chirurgicaux dans le jardin... (non, je n'y crois pas vraiment). Ce n'est pas Mulholland Drive, pur produit d'un cerveau en début de décomposition.

Tout de même, à voir.

(*) Par exemple, le billet 4/67 qui devrait être imaginaire mais que Cawley explique à la fin. Et pourquoi dans la crypte Chuck révèle-t-il le pot-aux-roses à Teddy ? Comment peut-on connaître chaque mot du dialogue entre Noyce et Daniels ?

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commentaires

S
<br /> Merci pour votre mise au point. J'attendrai, pas longtemps, le DVD.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Vous ne me donnez pas envie de voir le film (vivant à la campagne, je n'y vais plus que trop rarement). Dans le cinéma américain, les psychiatres, et la maladie mentale, sont toujours caricaturés<br /> de manière insupportable. Les réalisateurs se laissent aller à leurs sentiments, sans souci de les dépasser pour gagner en vraisemblance. Les réalisateurs français font mieux, bien que les<br /> sentiments des français pour les psys ne soient guère plus tendres que ceux des américains.<br /> Ce qui m'a permis d'écrire: "l'ignorance de la maladie mentale fait partie de ses symptômes." <br /> <br /> <br />
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C
<br /> Certes, rien n'est plus casse-gueule que la psy, les psys, et pire encore, les asiles d'aliénés. Des exceptions, tout de même, comme Vol au-dessus d'un nid de coucous, mais c'était un film<br /> politique.<br /> Dans Shutter Island, par contre, la thématique n'est pas mal traitée, et la caricature est obligée - elle s'évapore à la fin. Quant à votre phrase, je vous assure qu'elle s'applique<br /> extraordinairement bien au film ! Elle pourrait même être revendiquée par la scénariste...<br /> <br /> <br />