C'est donc lui, le monsieur qui a accouché du décret mixité revu ce jour par la communauté française...
Je n'en suis pas autrement étonné.
Il était donc, rappelez-vous, un décret de la CF sur les inscriptions scolaires, lesquelles n'allaient pas si mal avant que les idéologues de service décident de mettre la pagaille - décidément
une habitude à la CF. La première mouture a abouti à des files d'attente de plusieurs jours, les parents logeant sous tente et sur le trottoir (ça a dû faire un tabac à la TV). La deuxième a
généré des situations inextricables, des procès, des annulations et des polémiques virulentes.
On pourrait croire qu'un décret sur l'enseignement servirait d'abord à améliorer la qualité de l'enseignement. Point du tout. Ici, on veut favoriser la mixité sociale, et je suis un
chaud partisan de la mixité sociale à l'école, l'ayant favorisée pour mes propres enfants (j'en suis d'ailleurs revenu).
Seulement, c'est quelque chose qui ne se décrète pas. Aux USA, on se souviendra peut-être de l'ahurissante pratique du bussing, où l'on envoyait les enfants dans des écoles lointaines
également en vertu des bons principes, avec des trajets interminables à la clef. On n'en est pas là chez nous, "liberté du père de famille" oblige ; chez nos voisins français, la douce
tradition républicaine ne veut
voir qu'une tête, on appelle ça le collège unique, et son pendant, la carte scolaire. Ces deux mesures ne changent évidemment rien à une possible ghettoïsation (on ne rencontre
pas vraiment beaucoup de sous-prolétaires dans le XVIe), mais ont le mérite de la simplicité, au moins en ce qui concerne le collège unique ; pour ce qui est de la carte scolaire, c'est une
invitation à jouer au chat et à la souris avec l'administration, sport national presque aussi populaire qu'en Italie.
Pour des raisons historiques et socio-psychologiques, il était impossible de recourir à une mesure aussi extrême chez nous, mais d'autre part il fallait bien prendre compte du désir bien légitime
des parents - de tous les parents - d'assurer une scolarité excellente à leurs rejetons. Alors on a retiré quelques tuyaux de l'usine à gaz, et on en a ajouté un nouveau,
particulièrement vicieux : en cas de trop nombreuses demandes d'inscriptions dans une école, les directeurs pourront créer de nouvelles classes, ou augmenter le nombre d'élèves par
classe. Il suffisait d'y penser : si beaucoup de parents choisissent une école, c'est que c'est une bonne école ; rendons-la moins bonne et, main
invisible du marché aidant, la demande va diminuer... car créer de nouvelles classes appartient au domaine des belles et bonnes et braves et utopiques idées.
Y sont tout de même sioux, ces gens...
NB pour les plus jeunes lecteurs : les vis platinées, c'était un dispositif antique et mécanique qui, avec le delco, contrôlait l'étincelle des bougies
dans les moteurs à explosion, et qui était - à en croire les garagistes - responsable de toutes les pannes généralement quelconques...