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2 septembre 2008 2 02 /09 /septembre /2008 07:00

Chaque année, des tempêtes, ouragans, cyclones, typhons (la dénomination change avec le type et la localisation du phénomène) abordent les côtes et provoquent dégâts et victimes ; on se souvient peut-être (mais sans doute pas...) du cyclone Bhola qui, en 1970 a provoqué la mort d'un demi-million d'habitants de ce qui est aujourd'hui le Bengladesh. Mais depuis quelques années, on s'intéresse presque exclusivement aux ouragans (hurricanes) frappant la côte Sud-Est des USA après avoir ravagé les Antilles. Ce n'est d'ailleurs pas dû exclusivement ni même principalement à Katrina, même si celle-ci a fait l'objet d'une attention médiatique soutenue. Les ouragans se sont invités aux nouvelles vers la fin des années '80 dans la foulée des discussions concernant le réchauffement climatique anthropogénique, à la faveur d'un modèle climatologique développé essentiellement par Kerry Emanuel en se basant sur celui de James Hansen de la NASA. En gros, le modèle d'Emanuel considérait la force de l'ouragan comme directement corrélée à la température en surface de l'océan , et dès lors que cette force allait augmenter à mesure que le réchauffement climatique (anthropogénique ou non) allait faire augmenter les températures des océans.

Les ouragans de l'Atlantique nord allaient donc bientôt faire vendre de l'information et les journalistes se mirent à conter leurs méfaits avec un plaisir dissimulé par une mine grave ou contrite. On ne pouvait plus ignorer les morts, les inondations, les glissements de terrain provoqués par chacun de ces Andrew, Wilma ou Ivan, et de la même manière que la vague de chaleur de 1988 avait été bien imprudemment citée par Hansen pour convaincre le monde politique de la réalité du réchauffement climatique, on vit les journalistes s'emparer de n'importe quel phénomène météorologique sortant le moins du monde de l'ordinaire pour le monter en épingle et parler d'"aberration climatique" -  incriminant le fameux RC dont tout le monde parle et dont chacun excipe pour sommer son voisin de changer son mode de vie. Et j'entendais tout récemment un journaliste utiliser cette même expression (aberration climatique) pour qualifier à la fois Gustav ("The mother of all hurricanes") et la fonte des glaces boréales.

Le maire de New Orleans a décrété l'évacuation totale (avait-il tort ? Scientifiquement, sans doute, mais politiquement, probablement pas), quasiment deux millions de personnes se sont retrouvées dans des embouteillages gigantesques, Gustav s'est révélé être un petit ouragan quelconque simplement gonflé par les habituels rigolos de l'information.

Mais ne vous en faites pas : la saison des ouragans est encore ouverte, et vous entendrez encore les mêmes alarmismes s'exprimer, puis ce sera l'année prochaine, etc. etc.

Evidemment, ça permet des images bien impressionnantes, et le choc des photos est toujours plus important que le poids des mots ; peu importe que Galveston ait été dévastée par l'ouragan de 1900 (une dizaine de milliers de morts, largement plus que Katrina), Katrina reste "l'ouragan ayant causé les plus graves dégâts" - en milliards de dollars (environ 80). Certes, mais cette somme élevée provient tout d'abord de l'effondrement des digues et des inondations "collatérales" (une quantité énorme d'habitations étant en zone de polders), et l'urban sprawl presque criminel en zones inondables. Construire sa maison sur les pentes d'un volcan n'est pas nécessairement faire preuve de prudence.

Il me semble utile de se référer au Consensus Statements by International Workshop on Tropical Cyclones-VI (IWTC-VI) Participants (San Jose, Costa Rica, novembre 2006)


1. Though there is evidence both for and against the existence of a detectable anthropogenic signal in
the tropical cyclone climate record to date, no firm conclusion can be made on this point.
2. No individual tropical cyclone can be directly attributed to climate change.
3. The recent increase in societal impact from tropical cyclones has largely been caused by rising
concentrations of population and infrastructure in coastal regions.

[...]


(le texte complet vaut le détour, mais je me limite à trois points qu'on pourra utilement faire parvenir aux journalistes qui se verraient bien dans la peau de Cassandre).

Un dernier mot : il semble bien que la force des ouragans dépende non pas directement de la température de surface de l'océan, mais de la différence de température entre la mer et la tropopause ( voir l'article de Knutson et al. - voir aussi cet article : "We find that, even though tropical Atlantic sea surface temperatures are currently at a historical high, Atlantic potential intensity probably peaked in the 1930s and 1950s, and recent values are near the historical average").

Il faut cependant remarquer que la fiabilité des modèles climatologiques est de plus en plus remise en doute, et ce par les modélisateurs eux-mêmes, qui deviennent de plus en plus exigeants à mesure que leurs résultats font l'objet d'intenses controverses. Mais pour l'instant, c'est ce que nous avons de mieux, et une des priorités de la lutte contre le RC devrait être de mettre bien plus de moyens à la disposition des chercheurs.

P.S. 2008 s'est terminée par un nombre très faible d'ouragans même si les journalistes nous ont servi durant des semaines les catastrophes en Haïti, certes dramatiques, mais d'une régularité métronomique.
P.P.S. Idem pour 2009, au point que quelqu'un m'a dit que c'était suspect, et sans doute la preuve d'une autre aberration climatique... On perd à tous les coups.

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commentaires

S
tout à fait d'accord. on peut aussi souligner dans le genre de l'info cyclonique les inondations catastrophiques systématiques en Haiti tandis que Santo domingo (sur la même ile) semble toujours mieux s'en sortir (on en parle jamais) alors qu'une frèle frontière (donc rien) sépare les deux états... et les journalistes de renchérir sur la violence extrème de la tempète, oubliant la lourde responsabilité de l'incompétence historique des autorités haitiennes pour gèrer leur territoire convenablement...
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C
<br /> Exact, il en est de même pour Cuba - au moins un atout de ce régime !<br /> <br /> <br />